PARTIE V : Sorcellerie


Après le souper, ma foi excellemment préparé par mes soins (Idyle est nulle en cuisine : elle crame les pizzas, elle brûle les viandes et bousille les légumes), je vais regarder la télévision.
L'écran plat 16/9ème coin carré couleur que je contemple n'a rien de passionnant.
"Tu devrais allumer le poste." me dit Idyle qui fait la vaisselle.

Je poirote comme un poireau devant une émission d'un intérêt frustrant (pour ne pas la nommer, je dirais juste que c'est passé sur TF1, c'est pour dire...).
Idyle m'appelle pendant la publicité que je ne voulais, à aucun prix, rater.
"Tu viens ? On va au grenier pour voir si y a pas des trucs sympas."
"Wouaïe note." je réponds avec mon franglais inédit.

Une pièce creusée dans la toiture de la maison sert de grenier, ou plutôt de dépotoir à objets tordus.
Je me dis que si ça se trouve, on va mettre la main sur des "machins rigolos" comme des casques de soldat, des valises en carton, un trombone à coulisse, un porte feuille plein de vieux billets, un tronc bonne à coup lisse, des revues coquines de grand-père, un javelot de menuisier, un pot de ketchup Heinz périmé, etc.
A la fin de notre investigation, mon attention est attirée par un livre partiellement pourri. Couvert de moisi, on distingue tout juste le titre dessus "Merde à celui qui lit ceci".
J'ouvre le bouquin, dont les pages s'effritent sous mes voluptueux mouvements de doigts. Une étrange odeur de souffre s'échappe.
"Ca pu ! T'as pété ?"
"Non, idiot. C'est le grimoire que tu as débusqué qui sent si fort" me fait elle. "C'est peut-être un livre de magie."
"Apparemment, ça ressemble plutôt à un recueille de papiers hygiéniques ayant déjà servis."

Nous descendons dans la salle à manger pour l'étudier plus attentivement.

C'est un grimoire de mille quelque chose : la date a été effacée de façon intentionnelle pour ne pas être connue. Je reconnais que c'est efficace.
Le gars qui l'a écrit devait être manchot des mains pour écrire comme un pied. Plein de dessins hideux agrémentent des textes incompréhensibles pour le novice, et pour moi aussi d'ailleurs.
Par contre, Idyle parvient à me traduire une grande partie.
Ca parle de recettes avec des yeux de courgette et des racines de crapaud, de bave de mouche et de pattes d'escargot. Y pas une rime mais c'est plein de chansons bizarres genre "Ilédénotre ilabu uncoucome lézotre" et "Akilébo levabo kilélé lebidé".

"Kamou ! je crois bien que c'est un livre de sorcier. Il me semble que c'est le petit fils du fils de la grand-mère du père de ma mère, bref l'un de mes oncles, qui a ramené ce livre d'une maison qu'il a trouvée dans la forêt."
"En gros, tu veux dire par là que ton oncle est un voleur."
"Non. Ce que je veux dire c'est qu'il y a peut-être un sorcier dans la forêt."
"Ha ha ha ha ha" je m'esclaffe pendant 30 secondes avant de la regarder droit les yeux. "Tu crois ?? C'est flippant ton bled."

Je me lève.
"Bon, ira voir ça demain. Là on sort en boîte."
"Heu... Il est 4h du matin kamou. C'est que l'on a pas vu le temps passer à lire et..."
Et merdcredi ! L'heure d'aller pieuter. Tant pis, on ira en boîte vendredi soir. Tu parles Charles...

[suite...]


Un week end de fou avec Kamou © Kamou (2001-2003) Tous droits réservés.