PARTIE XIV : La Minute de Réflexion
Rien, plus là,
a plus, disparu, envolé,
volatilisé. Où
est-il passé ?
Ce que j'ai affronté
est introuvable. Il a
du se relever et fuir
dans la forêt.
"Froussard !"
Je me pèle les miches et j'empeste la matière fécale. Et vu mon état, ce n'est même pas la peine d'espérer aller en boîte.
...
Après une bonne douche, assaisonné de parfum anti-pu, soigné et pansé, pommadé aussi, je me vautre dans le divan du salon, exténué.
Idyle ne dit mot. Elle semble ailleurs, sombre comme la lueur opaque d'une flamme noire et éclatante.
L'atmosphère électrique décharge une intensité exceptionnelle de tensions extrêmes. On se croirait dans un générateur prêt à exploser, une batterie minée sur laquelle on va marcher.
"C'était
quoi le truc que j'ai
mis à terre et
qui s'est barré
? Le fameux démon
Salbruth ?"
"Je n'en sais rien.
Je ne l'ai pas bien vu.
J'ai même eu si
peur que je n'ai pas voulu
le regarder. Je ne croyais
pas en la légende.
Mais là..."
Et elle replonge dans
ses pensées.
Il y a des fois où
on se demande si on peut
avoir réponse à
tout, si le jeu de pistes
auquel on a participé
a une fin.
On a beau avoir toutes
les pièces du puzzle,
encore faut-il savoir
les mettre bien en place,
dans un certain ordre,
et ne pas se tromper.
Tu te goures ? T'es mal
car ton puzzle n'a alors
plus aucun sens.
On peut se satisfaire
d'une réponse fausse,
mais on se cache alors
la vérité.
Je veux tout savoir à
partir de tout ce que
je sais !
Je vais élucider
tout ces mystères
énigmatiques, bizarres
et étranges, limite
à friser le paranormal.
Certes, je ne suis pas de ceux qui croient à la sorcellerie et aux monstres de contes et de légendes. Mais vu ce que j'ai vu ces derniers temps...
En gros, tu bois, tu fumes, tu te drogues, tu sniffes les champignons, tu respires de l'hélium suroxygéné, tu manges du pâté pour chien, tu te savonnes avec du savon de Marseille au thé chinois, tu danses à poils en plein Champs de Mars un mardi midi de décembre, tu lis l'encyclopédie Rousseau à l'envers de bas en haut, tu te prends pour un oiseau ou bien tu vaselines l'intérieure de tes chaussures, d'accord. Mais là ! Tout semble sortir de la réalité.
Un village où
la population a été
décimée
sans explication, un livre
de magie ou un truc du
genre, un maison abandonnée
en pleine forêt,
un flacon avec une grenouille
dedans, un camion hanté,
et en dernier lieu un
agresseur non identifié
mais qui avait plus l'aspect
de King Kong que d'un
être humain.
Et ce maudit chauffard
qui roulait avec ses phares...
Il ne manque plus qu'E.T.
téléphone
maison ou un petit homme
vert et la boucle est
bouclée : on nage
en plein délire
surnaturel.
"Zut !" à
mon orgueil scientifique,
il faut admettre que le
fantastique à son
mot à dire. Tous
les éléments
d'une histoire X-filienne
sont réunis.
Même si je ne pige
rien, il y a quand même,
par principe même
de ce qui Est, une explication...
rationnelle ou non.
...
Dormir. La nuit porte
conseil qu'il disait.
Encore faut-il trouver
le sommeil.
Ca fait deux heures que
je tourne en rond (c'est
vrai que tourner en carré...)
et je ne peux éviter
de penser aux événements
de ce week-end prolongé.
Mon caprice de vouloir
tout comprendre n'est
pas calmé.
"T'es lourd Kamou."
me susurre Idyle dans
le creux de mon oreille
gauche, où le tympan
est endommagé.
"Excuse moi, je ne
voulais pas t'écraser."
Je me retire de ma position
censurable, et j'effectue
un mouvement rotatif pour
me disposer à son
coté.
"Je suis désolée
pour ton séjour
gâché."
me soupire-t-elle au creux
de mon oreille droite
également handicapée.
"Tu n'as pas à
t'excuser, ce n'est pas
de ta faute."
Nous contemplons ensemble
le magnifique plafond
de la chambre.
Nos inspirations expirations
entonnent une mélodie
lancinante mais sensuelle.
Une pulsion animale et
effroyable monte en moi.
Cette ambiance enflamme
mon corps.
Je chauffe, je brûle...
Je ne me retiens plus
!
"Idyle ?"
"Oui ?"
"J'ai faim !"
Nous nous endormons 2
heures plus tard...
[suite...]