PARTIE XII : Un Cri dans la Nuit
Dernier soir. Mon désir
d'aller en boîte est à
son paroxysme. C'est le soir ou
jamais.
Repas intime avec Idyle.
Vêtements chicos de la tête
aux pieds.
Minuit, l'heure de partir.
Je m'installe confortablement,
c'est-à-dire carrément
avachi, au volant de mon véhicule.
J'enclenche un démarrage
bolivien (qui vient de Bolivie
mais qui ne signifie strictement
rien dans le contexte, j'ai voulu
placer ce mot, c'est tout) et
je passe la première avant
de retirer le frein à main.
Le moteur braille comme une meute
de chiens enroués, l'embrayage
tousse comme s'il avait un chat
dans la gorge.
Et on commence à avancer.
La brume nocturne, qui s'élève
sur la route qui s'engage dans
la forêt, m'oblige à
mettre mes feux anti-brouillard.
C'est qu'on verrait même
pas le cul d'une poule à
2 mètres dans cette purée
de pois. Imagine : si elle fait
caca, je le vois même pas
et je roule dedans avec mes pneus
neufs...
La lune blafarde se donne une
allure de spectre sous les voluptés
nuageuses. C'est beau la poésie.
En face, une voiture plein phares
nous croise, m'aveuglant sans
ménagement. Mon sens oculaire
n'est plus durant quelques instants.
Et c'est Idyle qui tire le frein
à main pour nous faire
piler avant que nous ne rentrions
dans une bestiole.
"C'était i ce onnard
e je lui fasse la peau !"
La voiture, arrêtée
sur la route, fait penser à
un bateau fantôme.
Idyle me regarde... Je regarde
Idyle... Sa tête se rapproche
insensiblement de la mienne qui
se rapproche également
de la sienne.
Et patatra ! La voiture se met
à bouger violemment, comme
portée par mille personnes.
Je me retourne et découvre
d'horribles yeux dissimulés
dans le voile d'une brume qui
se fait de plus en plus épaisse.
"C'est quoi ça ?
Un ours ? Un kangourou géant
de la planète Mars ? Un
tyrannosaure ? Un..."
"Le démon." balbutie
la demoiselle qui s'accroche à
moi, enfonçant ses ongles
dans la chaire de mon bras droit.
La pauvre est terrorisée
par la peur.
"Ben je sais pas à
quoi tu vois que c'est un démon,
mais en attendant, il possède
une force de gorille."
Un instant d'hésitation,
et j'ajoute : "Bon ! Si on
reste là, il va casser
la voiture, vais lui régler
son compte."
Idyle doit se demander si elle n'est pas assise à coté d'un fou, d'un conscient ou d'un brave et courageux chevalier. Personnellement, j'espère qu'elle pense à la troisième réponse, tandis que la bonne est sûrement la première.
Alors que la carlingue ballotte
toujours sous l'agissement de
ce qui est encore la chose, parce
que nous ne savons toujours pas
ce que c'est, j'ouvre ma portière
et me fait éjecter par
un brutal mouvement.
Ventre au sol, j'entends les pas
de la créature qui vient
derrière moi, et le cri
d'Idyle qui perce la nuit.
Maudite soit la destinée
de certaines personnes. Jamais
de chance, que des malheurs, le
sort cruel s'acharnant sans cesse.
A croire que ce n'était
pas mon cas ce soir là.
Dans une prouesse fantastique,
aidée par la force de mes
deux bras, je me propulse par
surprise sur l'adversaire surpris.
Et pan ! Un pain dans la tronche
de cake !
Je me frotte la joue pour calmer
la frappe du monstre...
Cette saleté mesure au
moins 3 mètres de haut
et 2 mètres de large pour
une circonférence de 5
mètres. Calculer le volume
du monstre.
Ses mains en forme de battoirs
sont terminées par des
doigts tranchants comme des lames
de rasoir aiguisées pour
l'occasion.
Mais je n'ai pas peur de sa carrure
imposante.
Je me mets en position de combat,
dans le plus pur style des grands
films d'art martiaux, Bruce Lee
et Jacky Chan n'ont qu'à
bien se tenir, leur maître
est là, face à un
danger redoutable...
[suite...]